Yoga doux ou dynamique ? Comment choisir selon votre constitution ayurvédique
- Louise Geoffrion
- 2 sept.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 sept.

Le yoga connaît depuis les années 1950 - 1960 en France un essor qui ne cesse d'augmenter. En France comme ailleurs, les studios se multiplient et l’offre est immense : Hatha yoga, Vinyasa, Yin, Ashtanga, Kundalini… Mais face à cette abondance, une question revient souvent : quel type de yoga choisir ? Faut-il privilégier une pratique douce et méditative, ou un style plus dynamique et physique ?
La réponse n’est pas universelle. Elle dépend de votre constitution ayurvédique, c’est-à-dire de l’équilibre unique entre les trois doshas (Vata, Pitta, Kapha) qui structurent chaque individu.
L’Ayurveda, science sœur du yoga, propose un cadre précieux pour comprendre pourquoi certains se sentent nourris par un yoga intense, tandis que d’autres trouvent l’équilibre dans la lenteur et l’intériorité.
« Celui qui connaît sa propre nature et agit en accord avec elle atteint la santé, la longévité et la paix de l’esprit. »
(Charaka Samhita, Sutrasthana, I. 41)
La diversité du yoga moderne
Le yoga, un océan de pratiques
Le mot « yoga » signifie « union » : union du corps, du souffle et de l’esprit. Mais derrière cette unité se dessine une grande diversité de formes. Certaines pratiques privilégient la discipline physique (Ashtanga, Vinyasa), d’autres la relaxation profonde (Yin, Yoga restauratif). Entre les deux, des approches équilibrées comme le Hatha yoga permettent un compromis entre dynamisme et douceur.
Cette richesse est un atout, mais elle peut aussi dérouter les débutants. Nombreux sont ceux qui, après un cours trop intense, pensent que « le yoga n’est pas pour eux ». Or, il ne s’agit pas de savoir quel yoga est « meilleur », mais quel yoga correspond à votre nature.
L’influence du marché occidental
Le yoga en Occident a été largement influencé par la culture du fitness. Les cours dynamiques, où l’on transpire et brûle des calories, attirent un large public. Mais réduire le yoga à une performance physique, c’est oublier sa dimension spirituelle.
À l’inverse, les pratiques lentes sont parfois perçues comme « trop faciles » ou « pas assez efficaces ». Cette vision repose sur une conception compétitive du corps, loin de la sagesse originelle du yoga. En Ayurveda, la question n’est jamais « est-ce difficile ? », mais « est-ce adapté à ma nature ? ».
Une invitation à la personnalisation
Chaque être humain est unique. L’Ayurveda insiste sur cette singularité : deux personnes peuvent suivre le même cours de yoga et en tirer des expériences radicalement différentes. Ce qui dynamise l’un peut épuiser l’autre.
Ainsi, choisir entre yoga doux ou dynamique ne relève pas d’une tendance ou d’un jugement extérieur, mais d’une écoute attentive de son corps et de son mental.
L’ayurveda comme boussole
Les trois doshas : Vata, Pitta, Kapha
L’Ayurveda décrit trois forces fondamentales (doshas) :
Vata (air + éther) : mobilité, créativité, rapidité.
Pitta (feu + eau) : intensité, ambition, transformation.
Kapha (terre + eau) : stabilité, endurance, douceur.
Chaque personne possède ces trois qualités, mais à des degrés différents. La clé est de reconnaître son terrain dominant et de choisir une pratique qui rééquilibre, plutôt qu’une qui accentue les déséquilibres.
Quand le yoga équilibre… ou aggrave
Un principe fondamental de l’ayurveda : « le semblable augmente le semblable ». Autrement dit, pratiquer un yoga qui renforce vos tendances naturelles peut vous déséquilibrer.
Une personne à dominante Vata, déjà agitée, risque d’accentuer son instabilité avec un yoga trop rapide.
Un Pitta, déjà intense, peut attiser son feu intérieur dans des pratiques compétitives.
Un Kapha, déjà lent, peut sombrer dans la paresse avec un yoga trop passif.
Inversement, choisir une pratique complémentaire aide à retrouver l’équilibre.
La convergence avec la science moderne
Les recherches actuelles sur le stress, la variabilité cardiaque et la psychologie confirment l’importance d’adapter le mouvement à la personne. Le yoga doux favorise le système nerveux parasympathique (repos et régénération), tandis que le yoga dynamique stimule la circulation et renforce la musculature.
Plutôt que d’opposer ces deux approches, il s’agit de les utiliser comme des outils différents, au service de besoins différents.
Quel yoga pour quel dosha ?
Vata : apaiser le souffle intérieur
Les personnes Vata sont caractérisées par : la créativité, l'enthousiasme et sont sujettes à des troubles tels que l’anxiété et la dispersion. Pour elles, le yoga doux est bénéfice :
Styles recommandés : Yin, Hatha lent, Yoga restauratif.
Objectifs : ancrage, stabilité, chaleur.
Astuce : privilégier les postures tenues longtemps, la respiration profonde et les pratiques avant le coucher du soleil (vers 16h) et en soirée (avant de dormir)
Un cours trop rapide (Vinyasa, Ashtanga) peut accentuer leur agitation et les épuiser.
Pitta : refroidir le feu
Les profils Pitta sont intenses, volontaires, souvent attirés par les styles dynamiques et compétitifs. Mais leur feu intérieur peut vite se transformer en irritabilité ou en burn-out.
Styles recommandés : Hatha équilibré, Yin rafraîchissant, Yoga nidra.
Objectifs : cultiver la douceur, relâcher la pression, refroidir l’esprit.
Astuce : éviter les environnements surchauffés (par exemple le Bikram yoga) et chercher la fluidité plutôt que la performance.
Le yoga dynamique peut convenir à Pitta, mais seulement s’il est pratiqué avec non-compétition et bienveillance.
Kapha : éveiller l’énergie
Kapha est stable, endurant, mais peut sombrer dans la lourdeur et la stagnation. Pour ce profil, un yoga trop doux risque de renforcer la léthargie.
Styles recommandés : Vinyasa, Ashtanga, Power yoga.
Objectifs : stimuler l’énergie, dynamiser le métabolisme, alléger le mental.
Astuce : pratiquer le matin, dans une atmosphère énergisante, en intégrant des postures de force et des enchaînements rapides.
Pour Kapha, le yoga dynamique est un antidote à l’inertie.
Conclusion
Le choix entre yoga doux et yoga dynamique n’est pas une question de mode, mais une question d’écoute de soi. L’Ayurveda vous invite à reconnaître vos tendances naturelles pour choisir une pratique qui équilibre plutôt qu’elle n’exacerbe.
Vata a besoin d’ancrage et de lenteur.
Pitta a besoin de fraîcheur et de douceur.
Kapha a besoin de mouvement et d’énergie.
Rien n’empêche d’explorer différents styles au fil du temps : nous ne sommes pas figés, et nos besoins évoluent selon les saisons, l’âge, et même les périodes de vie. En ce sens, le yoga n’est pas un dogme mais une boussole, toujours reliée à notre souffle intérieur.
« La santé est le plus grand gain, le contentement la plus grande richesse, la loyauté le meilleur parent, et le nirvana la plus grande joie. »
Dhammapada, verset 204
Bibliographie sélective
Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps, 2010.
Marie Kock, Yoga, une histoire-monde, 2019



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